mardi 14 avril 2009

LE COMBAT D'UN HOMME ET D'UN PEUPLE

EVO MORALES
LA GLOIRE DE L’OLIVIER



Dans la soirée de lundi, le 13 avril 2009, les sénateurs de l’opposition radicale, disposant de la majorité, ont finalement voté la nouvelle loi électorale indispensable à la tenue d’élection générale, le 6 décembre 2009. Pour vaincre la résistance de ces sénateurs qui ne voulaient pas de ces élections générales qu’ils allaient de toute évidence perdre, Evo Morales, actuel Président, a entamé une grève de la faim, le 9 avril, jusqu’à ce que cette loi soit approuvée. Plus de 3000 boliviens et boliviennes l’ont suivi dans cette démarche. Après 5 jours, ce fut le triomphe.

Ils ont ainsi donné consistance à la devise que portent les « armes » du pays « triomphe et paix », représentée par la couronne d’ «olivier » et de « laurier » qui soutient le tout.


Oscar Fortin, le 14 avril 2009

dimanche 12 avril 2009

LA GLOIRE DE L'OLIVIER

Le soi-disant Saint Malachie, dans ses prophéties sur les papes à venir, attribue au 111 ième et avant dernier de sa liste, Benoît XVI, un indice ou une devise : « LA GLOIRE DE L’OLIVIER ». Chacun peut en scruter le sens potentiel tout en demeurant dans l’incertitude. C’est dans cet esprit que je me permets d’élaborer sur le sujet, laissant aux lecteurs et lectrices d’en tirer leur propre conclusion.


La BOLIVIE, le plus pauvre des pays de l’Amérique du Sud et dont la grande majorité de la population plonge ses racines dans les temps les plus anciens, vit actuellement une mutation profonde. En 2005, sa population a élu le premier Président issu de ses racines ancestrales, Evo Morales, dont la mission principale est de redonner au peuple tous ses droits tant dans les institutions que sur les richesses dont regorge le pays. Cette mission, il l’a amorcée avec détermination et en concertation constante avec le peuple. Les oligarchies nationales et les conglomérats internationaux qui se servaient librement en minerais, en gaz et en produits agricoles se sont vite manifestés en développant diverses initiatives visant l’arrêt de ces changements et le retour au mode traditionnel de fonctionner.


Il y a eu des tentatives d’assassinat du Président, des initiatives visant la déstabilisation de l’économie et des institutions politiques et judiciaires. Par tous les moyens ces opposants ont cherché à rendre impossible la tenue d’un référendum national sur une nouvelle constitution, élaborée en concertation avec le peuple et ses divers représentants régionaux et sociaux. Dans chacun des cas, le Président Évo Morales est parvenu à surmonter les obstacles en s’associant un fort soutien du peuple, des pays regroupés dans UNASUR et de nombreux organismes multilatéraux.


Au moment d’écrire ces lignes, le Président fait une grève de la faim. Depuis plus de 4 jours il ne prend que de l’eau et du liquide sucré avec de la coca. C’est que les opposants qui sont majoritaires au Sénat se refusent à donner suite à un projet de loi, déjà prévu dans la nouvelle constitution, voté par les parlementaires et qui vise à confirmer la tenue d’élections générales pour décembre 2009. Par diverses mesures dilatoires, ils ont écoulé le temps prévu pour cette ratification, forçant les autorités à la prolonger jusqu’à ce que les sénateurs opposants s’exécutent. Bien que le Président ait les pouvoirs de procéder par décret, il veut que le Sénat se commette en votant cette loi. Sa grève de la faim durera jusqu’à ce que les sénateurs s’exécutent. Les sénateurs opposants savent que s’il y a élections, Évo Morales va les gagner. C’est ce qu’ils ne veulent pas.


Une grande solidarité nationale et internationale se développe en appui au Président et à son gouvernement. Les contradictions de ceux qui étaient, il n’y a pas encore longtemps, à la tête du pays se manifestent. Tout le système des institutions politiques, économiques, judiciaires avaient été bâti pour répondre à leurs intérêts corporatifs et personnels. C’est ce système, dans ses contradictions et ses fausses prétentions, qui est mis en cause. Il va sans dire que les peuples voisins ne sont pas sans prendre conscience de cet état de chose et que bientôt ils auront, eux-aussi, à prendre les moyens pour le changer. En un certain sens, la Bolivie fait une lutte dans laquelle se reconnaissent tous les peuples soumis aux oligarchies et aux conglomérats internationaux. Ce combat du peuple bolivien se fait sans violence. Des marches et des grèves de la faim en sont les principales armes. Ce n’est pas pour rien que tout le blason de la Bolivie est soutenu par une couronne d'olivier et de laurier qui signifient la paix et le triomphe.




La prophétie du soi-disant Malachie aurait-elle prévu que sous le pontificat de Benoît XVI, élu pape également en 2005, la Bolivie, ce peuple aux origines millénaires, triompherait et apporterait la paix à son peuple et serait pour bien d'autres une inspiration ?

Ne serait-ce pas là


« LA GLOIRE DE L’OLIVIER »
?

Oscar Fortin
Le 12 avril 2009

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samedi 11 avril 2009

À VISAGE DÉCOUVERT

L’histoire récente nous enseigne que les complots ourdies dans le plus grand secret et mis à exécution sous les bannières les plus nobles telles celles de la démocratie et du respect des droits humains sont vite démasqués et leurs auteurs mis à nue. L’hypocrisie de leurs discours et la rapacité de leurs ambitions n’arrivent plus à tromper comme ils parvenaient à le faire il n’y a pas encore si longtemps.

Plusieurs se souviendront de ce 11 avril 2002 : le Président Hugo Chavez, élu à la tête du Venezuela en 1999, est enlevé par un « commando » et amené comme prisonnier à un endroit tenu secret. Ce coup d’État, commandité par Washington et l’oligarchie nationale, leur permettra de reprendre le contrôle de l’État et du pays. Pedro Carmona Estanga, président du Conseil du patronat, est aussitôt désigné pour prendre la direction du nouveau gouvernement. Sans tarder, il destitue de leurs charges, qu’il qualifie d’illégitimes, le Président et les autres magistrats du Tribunal Suprême de Justice, le Fiscal Général de la République, le Contrôleur Général de la République, le Défenseur du Peuple et les membres du Conseil National Électoral Consultatif ». Comme on pouvait le soupçonner, ces gens savent où se trouvent les véritables leviers du pouvoir.

Les médias de communication, tous sous la gouverne de ceux-là mêmes qui ont fomenté ce coup d’État, traitent et diffusent les nouvelles de manière à renforcer la crédibilité et la justification de ce renversement de gouvernement : Chavez était devenu un dictateur, jaloux d’un pouvoir qui le plaçait au dessus de toute démocratie et qu’il savait exploiter pour ses ambitions personnelles.

La Maison blanche a été la première à se réjouir de ce départ de Chavez. Je me souviens de la déclaration du Président Bush disant que Chavez avait lui-même provoqué cette situation. Qu’il n’avait finalement que ce qu’il méritait. Cette position a été adoptée par le Canada et tous les pays soumis aux politiques de Washington. Le slogan était que Chavez avait provoqué cet état de chose par ses politiques et ses déclarations intempestives. D’ailleurs tout avait été préparé minutieusement entre les principaux acteurs de cette intervention : la Presse, l’Église, l’oligarchie et la Maison blanche.

Mais voilà, au grand dam des putschistes et de leurs alliés, le peuple vénézuélien se lève et, en appui au bras armé de l’État, resté fidèle au Président et à la Constitution du pays, reprend le contrôle du Parlement, arrête les intrus et exige la libération de son Président qui n’avait à aucun moment donné sa démission, contrairement aux bulletins officiels des putschistes. On l’avait plutôt menacé de mort.

Depuis lors, sept ans ont passé. Des référendums et des élections ont été réalisés. Chavez est toujours là et plus populaire que jamais auprès de son peuple. Il faut dire que les vénézuéliens ont connu un bond qualitatif important au niveau de l’alphabétisation, de l’éducation, de l’accès aux soins de santé, de la participation politique et d’une amélioration de la qualité de vie chez les classes les plus défavorisées.

La justice a pris tout son temps pour donner suite aux accusations portées contre les putschistes et les responsables du massacre du 11 avril 2002. Ce n’est que maintenant que les premières condamnations commencent à sortir. Aussitôt les opposants et la Conférence épiscopale en tête, complice du coup d’État de 2002, crient au scandale et à une atteinte à la démocratie. Dommage que leurs discours ne passent plus. Ils sont maintenant à « visage découvert ».

Ce qui fut vrai pour le Venezuela, voilà que ce l’est actuellement pour la Bolivie. Au moment d’écrire ces lignes, le Président Évo Morales, légitimement élu et appuyé par plus de 62% de la population fait une grève de la faim. Le motif est de forcer les sénateurs de l’oligarchie, majoritaires au Sénat, de sanctionner une loi déjà votée par les députés et déjà prévue dans le référendum de la nouvelle constitution votée à 67% par le peuple Bolivien, loi qui prévoit des élections en décembre prochain. Ces derniers ne veulent pas que des élections aient lieu, sachant que le peuple va de nouveau voter pour Evo Morales. Ils le font encore en invoquant la démocratie comme si la démocratie à laquelle ils pensent n’avait rien à voir avec le pouvoir du peuple. Toutes les tactiques dilatoires sont bonnes pour faire échouer ce vote.

Nous avons entendu parler, au cours des deux dernières années, des nombreuses actions mises en œuvre pour déloger cet indien élu Président de cet État en majorité indienne. Il y eut des tentatives d’assassinat, des actions de déstabilisation de l’État et de l’économie, des affrontements qui ont fait des dizaines de morts, tout cela visant évidemment un coup d’État permettant de se débarrasser de l’indien et des politiques mises de l’avant par ce dernier.

Évo Morales a toujours répondu à ces actions par des moyens pacifiques, comme c’est encore le cas actuellement avec sa grève de la faim. C’est ainsi qu’il a vaincu chacune de ces initiatives visant à se débarrasser de lui, à empêcher la mise en place d’une nouvelle constitution et plus que tout leur permettant de garder le plein contrôle sur les richesses du pays et l’exploitation d’une partie importante de la population. Ils savent que les prochaines élections, prévues dans la nouvelle constitution, vont donner un large appui à cet homme et aux politiques qu’il défend.

Dans ce dernier combat, il a reçu l’appui du Président de l’Assemblée générale des Nations Unies, de plusieurs organismes internationaux et de gouvernements. Le Venezuela et Cuba suivent de très près ce qui se passe et savent d’expérience quelles sont les forces et les intérêts qui soutiennent ces opposants à la véritable démocratie du peuple. Encore là, les masques tombent et derrière les beaux discours de ceux qui ont vécu des dictatures qu’ils ont soutenues tout au long des 50 dernières années, il y a la mesquinerie, la manipulation et les ambitions personnelles qui passent avant les intérêts du peuple.

La presse, servile à ces prédateurs, met tout son savoir et ses habiletés à convertir les véritables serviteurs du peuple en ennemis du peuple, et à faire apparaître comme sauveurs ceux-là mêmes qui n’ont d’autres ambitions que celles de leurs propres « poches ». Combien de ces Présidents ont fait la grève de la faim pour protéger les intérêts du peuple ou qui ont risqué leur vie et leurs intérêts pour défendre ce même peuple? Pour plusieurs, les côtes de la Floride sont plus attrayantes.

Messieurs, vous êtes maintenant « à visages découverts » et vos discours ne prennent plus. Les peuples apprennent de plus en plus à lire, mais encore plus à discerner le vrai du faux.

Étant croyant en ce Jésus de Nazareth dont les chrétiens commémorent, ces jours-ci, la mort sur la croix et la résurrection, je souhaite au Président Évo Morales persévérance et ténacité car de son sacrifice surgira la lumière qui aura raison des ténèbres. Son geste s’ajoute à celui de tous ceux et celles qui ont lutté et luttent toujours pour que le règne de la justice, de la vérité, du respect et de la compassion deviennent réalité pour tous les peuples de la terre.


Oscar Fortin

11 avril 2009

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vendredi 3 avril 2009

ÉGLISE HORS DES MURS



Des voix s’élèvent de plus en plus dans le monde chrétien pour dénoncer autorités et doctrines qui ne cadrent plus avec l’Esprit évangélique et le monde d’aujourd’hui. Il faut visiter les blogs qui traitent de l’Église pour réaliser qu’un malaise profond est là comme une braise qui s’enflamme au moindre coup de vent. La vague d’apostasies que connaît actuellement l’Église catholique donne à ces voix le caractère tragique des questions qu’elles soulèvent. Deux lettres, publiées ce matin, 2 avril 2009, dans le journal Le Devoir méritent d’être lues. Leurs auteurs sont des chrétiens profondément engagés, l’un comme prêtre et le second comme laïc. Ils ont tous les deux une pensée profondément enracinée dans la connaissance et la foi vécue au quotidien dans divers milieux de vie.

Dans un commentaire récent à un article faisant état de cette vague d’apostasies je soulevais cette question : « N'assistons-nous pas à l'émergence d'une Église "hors des murs" qui n'arrive plus à se reconnaître dans cette Église "vaticane et doctrinale" tout en se reconnaissant toutefois dans les "Évangiles" et les "grands témoins" qui s'en inspirent? La foi ne déborde-t-elle pas de beaucoup les limites institutionnelles de l' « Église vaticane » et ne prend-t-elle pas ses racines dans un "don personnel de l'Esprit »? En ce sens, il y a sans doute beaucoup plus de croyants que nous le pensons dans la diaspora du monde que dans l'Église officielle. Le Corps du Christ ne réunit-il pas tous ceux et celles en qui vit son Esprit? »

Aujourd’hui, plus que par le passé, nous réalisons les limites de tout encadrement extérieur. L’histoire nous révèle, en effet, comment les multiples formes d’encadrement ont été le plus souvent ou très souvent des lieux privilégiés d’abus de pouvoir et de manipulation des esprits, des chasses gardées d’ambitieux, d’hypocrites et de dominateurs. Dans bien des cas, les temples, bâtis de mains d’homme comme sont les hiérarchies politiques, économiques, ecclésiales, sociales et culturelles, s’emparent subtilement des consciences individuelles et collectives comme pour mieux les manipuler. Sous l’emprise de ces dernières nous avons tous et toutes[1] été, à la fois et à divers degrés, victimes et solidaires de crimes et d’horreurs commis contre l’humanité. Les gouvernements que nous soutenons, les religions que nous défendons, les organismes que nous appuyons ont tous les mains souillées de quelques crimes ou d’injustices. Si nous avons des réquisitoires à présenter pour les offenses reçues, nous avons également des pardons à demander pour des fautes commises par l’une ou l’autre de ces institutions dont nous nous affirmons solidaires.

La conscience crie en chacun de nous quelque chose qui s’impose comme une force qui interpelle, comme une passion qui pousse à agir. À la manière de Socrate (Apologie), nous entendons la voix du dieu qui nous invite sur le chemin de la Vérité qui libère des apparats et des faux-fuyants. À la manière de Jérémie et d’Isaïe, nous entendons la voix de Yahvé qui dit de nous préoccuper davantage du culte qui consiste à apprendre à faire le bien, à chercher ce qui est juste, à assurer les droits à l’opprimé, à faire justice à l’orphelin, à défendre la veuve et l’étranger (Is.1, 17 ; Jr. 22,3). À la manière de Jésus, nous entendons le sermon sur la montagne qui nous ramène aux choses essentielles de la vie. Saint Paul ne nous dit-il pas que nous sommes le temple de l’Esprit-Saint qui est en nous et qui nous vient de Dieu (1 Cor.6, 19) ? Ce langage, qui remonte à plusieurs millénaires, a constamment été repris par les sages et les prophètes de tous les temps et, d’une certaine manière, par la conscience qui veille en chacun de nous. Il nous rappelle ces vérités fondamentales auxquelles l’humanité tout entière est conviée.

Nous entrons donc dans une ère nouvelle où se confirme cette prophétie de Jérémie :

« Quand arrivera le temps, je réaliserai avec mon peuple une autre alliance : je mettrai ma Loi en son intérieur, je l’écrirai dans leur cœur. Je serai leur Dieu et il sera mon peuple. Ils n’auront plus à s’enseigner mutuellement se disant les uns aux autres : connaissez-vous Yahvé ? Ils me connaîtront déjà tous, du plus grand au plus petit. » (Jér.31, v.33).

Chaque être humain porte en lui l’Esprit qui est au cœur de la conscience. Il appartient à chacun de le saisir tout autant que de s’y laisser saisir, de le discerner au travers de tout ce qui l’envahit et le sollicite. Nous ne pouvons plus reporter sur d’autres les responsabilités des décisions que nous prenons, des solidarités que nous assumons et des comportements que nous adoptons. D’où l’importance de discerner cette voix de la conscience, seule capable de nous conduire à la vérité, à la justice, à la liberté et au bonheur. « Tout m’est permis, mais tout ne me convient pas. » (Paul, 1 Cor, 6, 12). La foi même de la communauté sera toujours là pour aider à ce discernement et pour soutenir cet engagement au service d’une humanité qui aspire à la vérité, à la justice, à la paix, à la bonté.
Personne ne peut nous retenir dans cet engagement.

Oscar Fortin

Québec, le 3 avril, 2009

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